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Photo du rédacteurTIMOCLEIA

Claude de Burine

LAISSE Laisse, Les mots sont las jusqu'à la corde

Je suis d'une vie plus vieille que la tienne

Déjà l'eau grise ferme la porte, Le feu trahit. J'ai le démon de toi

Et le jour prend la chambre

Comme la mer oubliée

Un chapelet de corail Les pierres pleurent leurs larmes de veuve

Et par pitié pour moi

Brunissent les chemins

Où nos aveux patients s'entêtent. TON CORPS BAT Ton cœur bat

Comme un feu sombre,

J'aime te voir,

Le jour en flammes inutiles s'achève,

J'aime te voir. La neige perdue mène ses chemins au hasard, Et je laisse au rocher la mesure et la force, Je prends la démesure et la folie. PEUT-ETRE UN JOUR Peut-être un jour Sera-t-il permis de ne plus faire l'amour Avec des mots, De ne plus violer par un regard Mais de saisir et d'étreindre. L'autre que je nomme mon inconnaissable, Peut-être un jour me sera-t-il permis D'aller l'attendre avec des fleurs Et de le célébrer, De lui faire un trône avec ma peau nue L'ALLUMEUR DE REVERBERES Au bout de ton être, Loin des murs nus du savoir, J'apprendrai la féerie neigeuse d'exister Et le droit d'être celle Dont la nuit marche. EPITAPHE Je laisse aux rochers la mesure et la force, Je prends la démesure et la folie. LA VOYAGEUSE Si l'on parle de moi, Je me cacherai sous les violettes Et deviendrai Le scarabée d'or. Si l'on me touche Je serai la musique qui tourne Au-dessus de vos saisons de Mai. Si l'on m'aborde, Je serai le feu. « Le pilleur d'étoiles » JE NE PARLERAI PAS Je ne parlerai pas Avec le papillon Ni avec la libellule Ni même avec la fourmi. J'ai rendez-vous, ce soir, Avec le soir. Ses gants de nuits blanches Son visage d'épervier éteint. Où es-tu mon passeur de violettes Mes mots sont faibles Ils sont sans lampes Et les tiens sont perdus. Les larmes sont fragiles. Les mots sont partis depuis longtemps. On a réglé son compte au silence. Reste l'ombre, épaisse, dévouée. ON VIENDRA TARD On viendra tard, la nuit, Quand la nuit se sera couchéeQue de ses bras Tomberont les lunes majeures Et que d'elles naîtront Les dimanches aux violettes. MES LEVRES Mes lèvres seront un manteau Pour lui Et mes mains, ce voile de lin Que tissent au pied des murailles Les femmes endormies Ses lèvres, je les arrache, Ses mains, je les cloue Au mur glacé des larmes Sous la lumière nue de novembre. « Le pilleur d'étoiles » L'ANCIEN J'habite des loques. J'ai un vêtement de ruines, mais j'entends encore la musique des dîners, je touche encore la soie d'argent des couverts. J'ai cent ans d'églantine, les ongles noirs de celui qui couche avec la terre, et j'ai eu le chat des collines : Mécanicien-Poulette, Mécanicien-Moulin, plus simplement : Pouchette, quand tournait la chance. Il s'asseyait pour boire comme un flocon de neige. Mes yeux vont s'éteindre et mes reines mais elles disent que j'ai les mains qui savent. Le tabac avait ce matin cette odeur de valse viennoise qu'on n'offre qu'aux vivants. L'ENFANT Personne ne me connaît Moi qui vais nue Seule, Sous le ciré noir des saisons Et la pluie brouille mon ombre. LIVRE-TOI Livre-toi à l'été A ses mains fortes A ses reins solides Et laisse les beaux yeux meurtris Des saisons profondes Va dans le pays de l'orage Que dans l'arbre soit ta demeure, L'étang, ta résidence, Quand le soleil fait son or Jusqu'à ce que vienne l'hiver Ton maître. CAR JE CHERCHE Car je cherche une ville Où Noël prend bien, Où l'on peut vivre l'histoire De la bûche et du feu, La pensée triste de l'arbre Et se rouler dans les chauds lainages Des souvenirs ; L'automne est déjà là, Ses marrons fous, Ses yeux sombres. ON PARTIRA On partira Un jour de lune rouge Dans la douceur sablonneuse$De l'automne$Quand la forêt aura rangé Ses oiseaux Les vaches abaissé Leurs longs cils de paille, La nuit, Allumé ses pensées fiévreuses.

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