Peut-être y a-t-il déjà dans le titre une référence à Kate Chopin ? C'est le premier film d'Antonella Sudasassi, choisi pour représenter le Costa Rica aux Oscars. Isa, une femme, vit une vie dite « de femme ». Aux premières scènes elle est seule en cuisine, elle fait un gâteau, on l'a sollicite pour tout. Elle se fait un café, son mari le prend, le boit. Elle est fatiguée, à l'écart des fêtes de famille, de sa belle-famille en réalité. On ne lui parle que pour lui demander de l'aide, du travail. Son mari ne sait pas où sont rangés ni les assiettes, ni les verres ; il ne sait pas non plus que ses filles boivent dans des tasses en plastique, pas dans des verres en verre. Elles ont cinq et neuf ans. Isa a des rêves surréalistes. Des visions ? Des évanouissements. Il y a deux scènes de sexe : la première, on dirait du viol, il y a tout sauf du désir et encore moins de plaisir sexuel chez elle. Elle a peur, elle ne reveut pas d'enfants. Dès le début, toute sa belle-famille l'incite à avoir un fils. Son mari ne lui parle que de ça en lui faisant l'amour. Ils n'ont pas d'argent pour élever un autre enfant, c'est le premier argument avancé, vrai, certes, mais le seul acceptable : son mari parle de construire une maison alors qu'ils s'endettent pour acheter une nouvelle ampoule pour la lumière du salon. La thématique des cheveux longs est centrale, cheveux tissés en fils conducteurs. Les filels veulent les cheveux longs comme leur mère. Et quand celle-ci leur propose de les couper, elles le veulent. Elles sont heureuses de ressembler à Dora l'exploratrice. Elles sourient. Symboliquement, Isa ne se coupe pas les cheveux à elle mais à ces filles. Isa ne s'est jamais coupés les cheveux. Elle travaille à la maison. Elle rapporte de l'argent, on ne voit pas son mari le faire. En revanche, on le voit se servir dans la caisse de sa femme. Et quand elle part de son foyer, c'est pour se faire emmerder dans un bar parce qu'il est bourré, excuse résonnée : il est toujours comme ça quand il a bu. Il y a une scène d'une puissance folle où Isa se masturbe, à côté de son mari qui dort sans rien remarquer. Et lorsqu'ils referont l'amour, ils se désireront mutuellement, il essaiera de passer dessus, elle essaiera de rester dessus, et après un premier temps d'excitation, finalement, il prendra le dessus et jouira seul dans son silence à elle, comme dans la première scène. Isa parle. Elle ne veut plus d'autres enfants. « C'est comme ça ». Elle est sûre. « Jamais ». Le féminisme est subtil mais omniprésent, crevant l'écran. « I wanted to reflect on those small actions that daily teach us woman to please, serve, attend, be married, be mothers, be for others... » dira Antonella Sudasassi. Le film obtient en 2019 les prix au Festival de Berlin du meilleur film international, à Rome celui du meilleur film indépendant et à Seattle celui du film international.
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